Le domaine de Cassini et du Comte d’Albon par Allain Prigent
Nous sommes situés rue du Général Leclerc à l’angle de la rue de Taverny. A notre droite la « Résidence Leclerc », face à nous la « Résidence des Sources » et plus haut celle « des Rinvals ». Ce lieu est chargé d’histoire et nous nous projetons au XVIII° siècle.
Au XVIII° siècle, la vallée de Montmorency passait pour un séjour agréable, proche de Paris, pour y trouver le calme et l’air pur. Nombreux sont ceux qui y construisirent leur demeure agrémentée de jardins remarquables. Un village renommé était celui de Franconville la Garenne, situé sur la route de Paris à Rouen.
C’est en ce lieu où nous sommes, un personnage fort célèbre vint bâtir sa demeure, César François Cassini de Thury. Il s’installe en 1770, c’est une vaste demeure de forme carrée, toit en terrasse de style italien. Une de ses dépendances, située le long du chemin de Taverny, à la Croix d’en bas, fut louée de 1776 à 1778 à un architecte Alexandre Gallois puis à un peintre Casanova. Il va vendre ses biens le 14 février 1781 au Comte d’Albon pour une somme de 33000 livres, contrat passé devant Maître Delarue, notaire à Paris. Il y était déjà locataire en 1780, en s’occupant de l’aménagement de ses jardins.
Claude-Camille-François Comte d’Albon, il portait aussi le titre pompeux de roi d’Yvetot. Il fait divers acquisitions de terrains et d’échanges, afin de donner meilleur forme à son enclos. En 1781, par échange il acquiert la parcelle où se situe la fontaine des Rinvals, en avril 1784 il loue un terrain où les eaux coulaient entre deux rangées de peupliers. Le Comte d’Albon fera des travaux prodigieux et des dépenses considérables et réalisera dans son domaine un jardin digne de son temps : «les Jardins du Comte d’Albon». A gauche de la demeure, un long bâtiment, ornée de trois arcades ioniques décorées des bustes de Cicéron, Virgile et Horace formait la bibliothèque. Au-dessous de celle-ci formant une longue galerie, était une pharmacie servant à soulager les pauvres de Franconville, à qui le comte distribuait des remèdes. Le laboratoire de chimie servait au comte pour ses expériences, le cabinet d’histoire naturelle renfermait coquillages, pierres précieuses et le cabinet de physique où se trouvait une machine électrique, une des plus fortes d’Europe.
L’esprit perturbé, atteint par la folie et ruiné, la déchéance du dernier prince d’Yvetot était consommée. Son épouse la Comtesse d’Albon trouve acquéreur en la personne de Barthélémy Léonard Pupil Marquis de Myons. Le Marquis était aussi lyonnais et en bonnes relations avec la famille d’Albon. Le Marquis avait été baptisé le 28 avril 1730 dans la paroisse d’Ainay qui vu naître le Comte d’Albon.
Lorsque Barthélémy Léonard Pupil devient propriétaire, nous sommes à la veille de la Révolution et celui-ci quitte Franconville le 23 octobre 1789. La propriété subit vols et pillages le 12 avril 1793 le tombeau de Gébelin est détruit, les monuments du jardin sont démolis les uns après les autres.
Au mois de décembre 1793, ce bien national fut vendu à deux hommes d’affaires qui le revendirent aussitôt avec bénéfice. En 1801 un avoué de Paris en fera acquisition, Jean Baptiste Lecomte.
Un personnage important logera dans cette demeure, il s’agit de Georges Leredu, maire de Franconville de 1908 à 1919. Il fut député de Seine et Oise, sénateur et ministre. Durant la période de l’occupation allemande cette maison servie de kommandantur.
Le premier personnage célèbre, François Cassini de Thury, qui habita ce lieu fut un astronome et géodésien renommé. Nous ne pouvons terminer sans nommer un passionné d’astronomie, l’astronaute Jean-François Clervoyvenu à Franconville en 1968 demeurant dans une résidence construite dans l’ancien parc et suivant sa scolarité à l’école de la ville.
Ce domaine, aujourd’hui urbanisé par trois résidences, a marqué son temps par ses jardins parcouru par des personnages célèbres.